Interviewé en pleine rue par des supporters algériens, Guy Roux a livré ses souvenirs sur les anciens joueurs de l’AJ Auxerre : Moussa Saïb et Abdelhafid Tasfaout. « Je ne les oublierai jamais. C’était deux garçons formidables et deux très bons joueurs » a déclaré le célèbre entraineur.
Guy Roux poursuit « Tous les chauffeurs de taxi parisiens sont les cousins de Moussa Saïb ! Quand je monte dans un taxi, ils me disent tous « Je suis le cousin de Moussa Saïb », mais combien il a de cousins ?»
Moussa Saïb et le Ramadan
Dans un entretien accordé au journal Compétition, Moussa Saïb retrace les moments de sa carrière et particulièrement ses souvenirs auprès de Guy Roux à l’AJ Auxerre.
Guy Roux, son entraîneur, a tout tenté pour le dissuader de ne pas jeûner en match officiel. En vain.
Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit lorsqu’on évoque le Ramadhan et le foot ?
« L’AJ Auxerre, évidemment, le club professionnel français où j’ai été confronté à cette situation. Moi, j’ai eu la chance que Ramadhan tombe en hiver. La rupture du jeûne survenait aux environs de 18h et les matches étaient programmés à 20h, donc ça ne me posait pas trop de problèmes. En Algérie j’avais déjà l’habitude de jouer en diurne, alors ça allait encore mieux en nocturne. Le Ramadhan n’affectait pas mon rendement, même si je reconnais que jouer à jeun n’est pas la même chose que lorsqu’on a bu et mangé au préalable. Il y a la concurrence aussi qui est aux aguets. Après, c’est dans la tête que ça se passe, il y a la foi qui entre en jeu. J’étais encore épargné par les blessures, c’était déjà pas mal. »
Et comment ça se passait avec votre entraîneur, le célèbre Guy Roux ?
« Guy Roux est un type bien curieux, il aimait déjà bien savoir pourquoi on faisait le Ramadhan. Il savait aussi que ce n’était pas évident de jouer au haut niveau sans s’alimenter pendant de longues heures. Un jour, je lui ai expliqué qu’étant musulman et pratiquant, j’étais tenu d’observer le jeûne et de jouer ainsi. Je lui ai ajouté que cela faisait longtemps que je jouais sans peine dans ces conditions et que ce n’était pas demain la veille que j’allais changer d’attitude. Chez nous on attend l’avènement de Ramadhan avec impatience, avec joie, je lui ai expliqué que ce n’était pas un handicap et que, de plus, il m’était psychiquement impossible d’agir autrement. Il a essayé de m’en dissuader en me livrant son raisonnement. »
C’est-à-dire ?
« Il me disait : tu sais, quand tu ne mets pas d’essence dans une voiture elle ne roule pas, le corps humain c’est pareil, si tu ne l’alimentes pas il ne pourra pas avancer. Je lui répondais que je comprenais tout ça, évidemment, mais que je ne pouvais pas déroger à nos règles musulmanes. Il n’a pas cédé, il est allé voir le recteur de la mosquée de Paris pour lui demander s’il y avait une dérogation pour ne pas faire Ramadhan. Celui-ci lui a dit que lorsqu’on effectue un voyage d’environ 86 km, on était autorisés à ne pas jeûner. Guy Roux est ensuite venu me voir, fier de tenir sa solution. Il me disait : tu vas jusqu’à Sens, à une centaine de kilomètres d’Auxerre, tu manges et tu reviens, tu seras pardonné ! Je lui ai répondu : je sais tout ça aussi, mais je n’y peux rien ! Il a fini par admettre la chose et respecter ma conviction religieuse. Mais il venait quand même le soir me remettre des vitamines pour m’aider à garder la forme. »