Le Canard enchaîné fait état d’un mail envoyé le 18 avril par Georges-François Leclerc, préfet de Seine-Saint-Denis, dans lequel le haut fonctionnaire redoute des « émeutes de la faim » qui menace les habitants les plus précaires du 93.
Selon lui, des milliers de personnes « vont avoir du mal à se nourrir » durant la présente épidémie de coronavirus.
Le préfet s’inquiète du « risque alimentaire », conséquences d’une potentielle pénurie alimentaire dans le département.
«Devant les soupes populaires, les files d’attente ne diminuent pas, et ce ne sont pas des habitués, ce sont des salariés», confirme un élu local au Canard.
“Mon principal risque dans les quinze jours qui viennent est, si l’on excepte le risque sanitaire, le risque alimentaire”, indique Georges-François Leclerc, mentionnant également une situation tendue dans le département voisin du Val-d’Oise.
“Nous comptons entre 15.000 et 20.000 personnes qui, entre les bidonvilles, les hébergements d’urgence et les foyers de travailleurs migrants, vont avoir du mal à se nourrir”, s’alarme-t-il.
Un policier en poste dans le 93 : “Ne pas sous-estimer le risque d’émeutes de la faim. Des familles nourrissent leurs enfants habituellement pris en charge dans les cantines. Ça parait dingue, mais ça les met dans une difficulté financière que les autorités peinent à imaginer”
— William Molinié (@WilliamMolinie) April 7, 2020
« Sonnette d’alarme »
La députée LFI de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain a tiré mardi la « sonnette d’alarme » sur la situation dans son département où « des populations ont faim », demandant aux pouvoirs publics de mieux répondre à « l’urgence sociale » amplifiée par la crise du covid-19.
« Je tire la sonnette d’alarme : en Seine-Saint-Denis, pas seulement mais en Seine-Saint-Denis en particulier, les queues pour aller chercher des aides alimentaires ne cessent de grandir et vous avez des populations qui aujourd’hui ont faim », a averti la députée sur Franceinfo.
Appel aux grandes entreprises
La préfète déléguée pour l’égalité des chances, Anne-Claire Mialot, a par exemple lancé un appel aux grandes entreprises – au secteur privé, donc -, « pour avoir des couches et du riz ». Reste que « ce qui était jouable sur un mois de confinement ne le sera pas sur deux », poursuit le préfet de Seine-Saint-Denis dans son courrier. Un élu confie par ailleurs au Canard enchaîné que, devant les soupes populaires, « les files d’attente ne diminuent pas, et ce ne sont pas des habitués, ce sont des salariés ».