Confiée à la police judiciaire de Rennes, l’enquête se poursuit après qu’un homme a tiré sur deux personnes dont un imam devant la mosquée de Brest, jeudi.

Ce geste insensé continue d’interroger les enquêteurs. Le procureur de Brest est encore bien incapable d’expliquer les raisons qui ont poussé un jeune homme de 22 ans à tirer sur deux personnes, dont l’imam Rachid Eljay, jeudi devant une mosquée de Brest, avant de se donner la mort.

Lors d’une conférence de presse tenue dans l’après-midi, Jean-Philippe Récappé est revenu sur ce qu’il qualifie de « tentative d’assassinat », perpétrée par Karl F., un habitant de Lyon, qui a tenté d’expliquer son geste dans une lettre confuse, largement diffusée sur les réseaux sociaux jeudi soir. L’enquête a été confiée à la police judiciaire de Rennes rapporte l’express.

Un individu s’est présenté sur le parvis de la mosquée un petit peu avant 16 heures, a raconté le magistrat. Il est entré dans un premier temps dans la mosquée, sans y faire quoi que ce soit de répréhensible, il est ressorti

Puis le jeune homme a rapproché un véhicule « dans lequel il était venu », une Clio grise.

Neuf douilles de calibre 9 mm

Jean-Philippe Récappé explique :

Après avoir pris contact avec l’imam en lui disant qu’il souhaitait faire un selfie avec lui, il est reparti vers sa voiture et est revenu en ayant un blouson sous le bras. Sous ce blouson, il dissimulait une arme de poing, avec laquelle il a tiré sur l’imam et sur personne qui l’accompagnait

Les deux victimes ont été sérieusement blessées, a-t-il confirmé, mais leurs jours ne sont pas en danger.

Lors de la conférence de presse le directeur adjoint de la police judiciaire de Rennes. Une autre arme du même type, appartenant elle aussi à Karl F., par ailleurs titulaire d’une licence de tir dans un club de la région lyonnaise, a été retrouvée lors de perquisitions.

Après les tirs, Karl F. a pris la fuite au volant de sa Clio. Les enquêteurs, qui l’ont rapidement identifié, ont retrouvé la trace du véhicule gris, vide et verrouillé, dans la commune de Guipavas, près de Brest. À 300 m de là, les gendarmes sont tombés sur « le corps d’un individu qui se trouvait sur le ventre. Une arme de poing à proximité », a décrit Jean-Philippe Récappé qui ajoute que l’homme était déjà mort. Il se serait tiré une balle.

« Aucun signe particulier de radicalisation »

Avant de se suicider, Karl F. aurait diffusé une lettre, accompagnée d’une photo de sa carte d’identité, sur les réseaux sociaux. Le procureur a annoncé avoir assez rapidement balayé l’hypothèse d’une piste terroriste : « on n’a retrouvé aucun signe particulier de radicalisation ».

Interrogé sur l’éventualité d’un suspect à la personnalité psychotique, il est resté prudent. « Sa lettre est ‘très surprenante’. Quand on la lit, on s’interroge sur la possibilité qu’il y ait eu une approche de la situation qu’il vivait qui n’est pas conforme à ce que l’on vit actuellement ».

« Il m’a ordonné d’égorger l’imam Rachid Eljay », est-il écrit dans ce manuscrit de deux pages, à propos des consignes que lui aurait données un des hommes cagoulés présents dans une camionnette noire dans laquelle il aurait été brièvement retenu. « Je suis obligé de le tuer, si je ne le fais pas ils tueront ma famille », poursuit l’auteur du texte diffusé sur les réseaux sociaux. « Juste avant de me sortir de la camionnette, ils m’ont implanté une espèce de puce dans le bras. »

Une tablette et un téléphone portable en cours d’analyse

Le procureur demeure encore circonspect quant aux motivations du jeune homme qui vivait et travaillait dans une entreprise de nettoyage et d’entretien de la région lyonnaise et occupait depuis le 17 juin un bungalow dans un camping près de Brest. Il avait d’ailleurs prévu d’y rester quelques jours après le 27 juin. « Quel lien pouvait-il avoir avec l’imam de Brest », s’est interrogé le magistrat, qui évoque un jeune homme « qui n’est pas connu pour une radicalisation ou pour appartenir à un groupuscule quelconque » .

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