Alors que la fin de la période de confinement approche à grands pas, des chiffres révélés par le HuffPost viennent semer le trouble. Ils révèlent en effet que le département de Seine-Saint-Denis aurait totalisé un plus grand nombre d’amendes que les autres.
En effet, selon ces chiffres, les habitants de Seine-Saint-Denis auraient reçu trois fois plus de verbalisations que les habitants des autres départements français. Ces verbalisations font bien évidemment suite aux contrôles d’attestation durant cette période de crise sanitaire.
Plus précisément, 17% du million de contraventions distribuée en France l’ont été en Seine-Saint-Denis. Et ce, entre le 18 mars et le 25 avril. Le 93 est donc le département le plus touché de France par les PV.
Jusqu’à 900 amendes par jour en Seine-Saint-Denis
En tout, les habitants du département ont été verbalisés 41 000 fois et ont reçu jusqu’à 900 amendes par jour.
Mais quelles sont les raisons d’un tel chiffre ? Les habitants du 93 ont-ils moins respecté les mesures de sécurité et de confinement imposées par l’État ?
Un avocat et un membre de SOS Racisme ont tenté d’apporter des éléments de réponse. Ils estiment tous les deux que le confinement a mis en exergue la pression subie par ces populations.
Nicolas Abdelaziz, membre de SOS Racisme explique :
«Les personnes qui sont issues de ces quartiers-là vivent beaucoup plus de contrôles d’identité que le reste de la population. Une personne d’apparence d’origine étrangère était sept fois à huit fois plus contrôlée qu’une personne qui apparaissait comme blanche.»
Il a ensuite ajouté :
«Quand on a de petits appartements, on peut être plusieurs dedans et ça incite aussi un peu plus à sortir. Parce que ça devient très vite pesant de rester dans le même appartement avec une famille ou avec une colocation.»
Des conditions de vie pas toujours faciles qui expliqueraient en partie la décision de certains de sortir prendre l’air.
Pour Loïc Lequellec, avocat au barreau de Seine-Saint-Denis, il y a également eu un certain nombre de contrôles «jugés abusifs, aléatoires».
«On est dans une situation qui est juridiquement très dangereuse. Puisqu’on laisse une large marge d’appréciation à un agent verbalisateur sur le terrain pour après caractériser un délit qui peut vous conduire en garde à vue, au tribunal, en comparution immédiate et potentiellement en prison.»