Deux journalistes ont répertorié au moins 67 accusations de comportements inappropriés visant Donald Trump dans un livre «All the President’sWomen» sous-titré «Donald Trump et la fabrique d’un prédateur».

Il a été coécrit par Barry Levine, ancien directeur de la publication du National Enquirer, et Monique El-Faizy, journaliste à France 24,

Barry Levine a proposé à Monique El-Faizy ce projet de livre. La journaliste admet que son premier réflexe a été de refuser :

Je ne voulais pas passer mon temps à côtoyer toutes ces histoires répugnantes d’abus. Mais j’avais lu le livre de l’auteur afro-américain Ta-Nehisi Coates ‘Between the world and me’ et ce livre m’a vraiment poussée à réfléchir à la notion de complicité et à comment, quand vous ne combattez pas directement et dénoncez certaines choses, vous en faites partie.

Plusieurs exemples de son comportement, par exemple en 1991 dans une interview à Esquire magazine.

Vous savez, ce qu’écrivent [les médias] n’a pas beaucoup d’importance, tant que vous avez un jeune et joli petit cul.

Ou comme au début des années 1990, dans les coulisses du défilé Oscar de la Renta à New York, Donald Trump fait soudainement intrusion dans la loge des mannequins. À sa vue, toutes les jeunes modèles saisissent leurs robes pour se couvrir. «OK, maintenant mesdames, lâchez-les», déclare celui qui est alors surtout connu comme promoteur immobilier.

Les auteurs écrivent :

Alors que la taille des mains de Donald Trump deviendrait par la suite un phénomène de curiosité publique, à l’époque, elles étaient tristement célèbres pour une toute autre raison. … C’était un tripoteur. Il plaçait toujours ses mains où il ne fallait pas. Quand il embrassait quelqu’un, sa main se retrouvait sur les fesses ou les hanches de la personne.

Lors d’un défilé de lingerie, Donald Trump aurait touché la poitrine d’une mannequin, prétendant inspecter la conception de son soutien-gorge, racontent également les auteurs.

Si je m’autorise à ignorer ces faits, cela ferait-il de moi une complice du silence imposé à ces femmes et de la culture du viol ? J’ai réalisé que je devais surmonter mon propre inconfort pour prendre part au combat. Voir toutes ces histoires m’a fait comprendre que Donald Trump s’en prenait systématiquement aux femmes.

Comme NaKina Carr, un certain nombre de femmes ont rendu public le calvaire que le président américain leur avait fait subir. Mais malheureusement, explique Monique El-Faizy.

Les femmes culpabilisent elles-mêmes et la société entière culpabilise les femmes. Elles sont coupables de ne pas avoir crié. Elles sont coupables d’avoir été paralysées par la peur. … Je pense qu’il est extrêmement difficile de savoir ce que vous feriez dans la même situation. Mais vous réalisez que cela n’a rien à voir avec ces femmes en tant qu’individus. Elles se sont simplement trouvées au mauvais endroit au mauvais moment.

La première à avoir compté dans la vie de Donald Trump et à avoir inspiré son attitude misogyne vis-à-vis des femmes, était sa mère, Mary.

C’est un homme qui, non seulement, traite les femmes comme des objets et les rabaisse, mais qui se vante aussi ouvertement de la facilité avec laquelle il peut les agresser sexuellement.

L’humiliation est un élément central de sa relation aux femmes. Il concentre sa prédation sur les femmes bien plus jeunes et moins puissantes que lui.

En 2017, l’actrice Meryl Streep évoquait :

L’instinct d’humiliation. -de Donald Trump- Quand une personnalité publique a ce genre de comportement, cela a un effet dans la vie de chacun parce que cela donne aux autres la permission de faire la même chose. L’irrespect appelle l’irrespect, l’usage de la violence incite à la violence. Quand les puissants utilisent leur position pour harceler les autres, nous sommes tous perdants.

C’est dans les années 1990 qu’il fait la connaissance de Jeffrey Epstein, ce financier américain, qui avait mis sur pieds un réseau de trafic sexuel.

Je pense que la mort de Jeffrey Epstein a permis à beaucoup d’hommes d’éviter d’être éclaboussé par l’affaire, et Donal Trump en fait partie.

«All the President’s Women» examine également la relation de Donald Trump à l’Église. Donald Trump utilise la religion. Sa propre pasteur, Paula White, a rejoint son administration à la Maison blanche.

Je ne pense pas qu’il soit sincère vis-à-vis de la religion. Il sait que s’il obtient le vote des évangéliques, il peut gagner et c’est un public qu’il peut facilement rallier à sa cause. Mais je pense qu’il y a du cynisme des deux côtés. La communauté chrétienne se montre lâche dans ce partenariat. Il est clair que Trump ne partage pas leurs valeurs. Mais beaucoup d’entre eux disent qu’ils s’en moquent, que Trump fait ce dont ils ont besoin et que cela leur suffit.

Le livre se penche aussi sur les effets de la présidence Trump sur les États-Unis. Il a, à la fois, fait avancer et régresser le pays, estiment les auteurs.

Ses prises de positions sur l’avortement ont poussé de nombreux États à réexaminer l’arrêt de la Cour suprême datant de 1973 et qui affirme que le droit à la vie privée, s’étend à la décision d’une femme de se faire avorter.

Mais ces actions ont aussi servi les femmes. Depuis son élection, le féminisme connaît une nouvelle vitalité aux États-Unis, prenons simplement comme exemple l’émergence du mouvement #MeToo.

Nous avons un nombre record de six femmes candidates à l’élection présidentielle et je ne pense pas que cela soit une coïncidence. Donald Trump a incité les femmes à ne plus se montrer complaisantes et à se lancer en politique.

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